« La non satisfaction de nos besoins résulte plus d’un manque de dialogue et de créativité que d’un manque de ressources ».
Marshall B. ROSENBERG
Rien que quatre mots !
C’est cette affirmation qui m’a motivé à aller à la découverte de la CNV. J’ai donc d’abord été attiré par la simplicité du processus. Disons même, pour être honnête, qu’au départ je le trouvais plutôt simpliste. Comment des mots aussi ordinaires que « observation, sentiment, besoin, demande » pouvaient constituer la base d’un processus digne de ce nom ? Puis, en allant plus en profondeur, je me rendis compte que ces quatre mots demandaient une attention très particulière. Je vous les détaillerai plus loin. Voyons d’abord, en quelques traits comment je vois la CNV.
Quel est l’esprit du processus?
– Savoir communiquer, de manière empathique, avec soi et avec les autres.
– Faire face sereinement au conflit au lieu de le fuir ou de l’enfouir
– Assumer sa part de responsabilités pour mieux sortir du conflit. (Individualiser les faits et les actes au lieu de se perdre dans la masse : globalisation)
– Accepter de voir les choses du point de vue de l’autre même si on n’est pas d’accord.
Quelques thèmes clé du processus
– L’écoute empathique qui ne juge, n’interprète, ne conseille ni ne cherche de solutions pour l’autre.
– Les 4 façons de tendre nos oreilles à l’autre, qui aboutissent ou au jeu du ping-pong (tu me meurtris, je te meurtris plus fort), ou à celui de l’auto flagellation (tu me meurtris et je sombre dans la dépression) ou alors à celui de la danse (nous communiquons, à partir de l’un puis de l’autre, et cherchons ensemble un terrain d’entente.)
– Comment dire non et comment recevoir le non sans blesser l’autre mais aussi sans complaisance.
– Comment gérer la colère et la frustration.
– Comment dialoguer avec deux parties de soi en conflit.
– Comment dialoguer avec l’autre en conflit.
– Comment assurer une médiation porteuse de résultats durables.
– Les limites à la communication.
– Comment gérer nos conflits d’origine et guérir de nos anciennes blessures.
– Comment exprimer sa gratitude à l’autre.
….
Quel est le groupe cible?
La CNV est adaptable à n’importe quel groupe cible. Les principes de base restent les mêmes, c’est au niveau des exemples concrets et du choix des mots que la différence se fait.
La CNV concerne autant les intellectuels que les moins formés, et même les analphabètes. C’est une question d’adapter les termes dans le langage courant du formé.
Les quatre étapes du processus
L’Observation : Avant d’embrasser la CNV, j’étais convaincue que plus observatrice que moi, il fallait chercher. Or, j’ai été obligé de me rendre à l’évidence: je n’observais pas, j’interprétais ce que je voyais pour m’en faire une image. Quand la CNV m’a fait prendre conscience que la personne qui observe se doit d’être comme un appareil photo ou une caméra-vidéo, qui prend ce qu’il voit, sans juger, j’ai mesuré la difficulté de la chose. Ce n’est pas à ce genre d’observations que j’ai été habitué.
Le Sentiment : Comme tout un chacun, j’ai toujours eu des sentiments. Seulement, personne ne m’avait appris à les repérer et encore moins à les nommer. Je pouvais éprouver de la tristesse, de la colère… Mais si j’avais annoncé clairement que je suis triste ou que je bouillonne de colère, les gens m’auraient regardé avec des yeux ronds en se demandant de quel manguier je venais de tomber. Dans ma culture, on a le droit d’avoir des sentiments mais pas d’embêter son monde en les exprimant. La CNV m’a appris que les nommer n’était pas un manque de maturité ou de discrétion. C’est une étape importante pour clarifier ce qui se passe en moi afin de gérer les choses de la manière la plus adéquate.
Le Besoin : Les sentiments et les besoins vont de pair. Derrière une émotion confortable comme la joie, le bien-être, la légèreté… se cache un besoin satisfait. Alors que quand je ressens de la peine, du dépit, de l’impuissance…c’est qu’il y a quelque part en moi un besoin insatisfait. La CNV m’a fait également prendre conscience que ce n’est pas aux autres de deviner mes besoins, c’est à moi de les exprimer car nul ne peut mieux les cerner que moi. De plus, les besoins étant universels et positifs, il n ya aucune raison de ne pas les reconnaître. Etant bien entendu que les reconnaître n’implique pas nécessairement de les satisfaire.
La Demande : Lorsque le besoin a été identifié, il y a lieu de faire une demande. Elle peut consister en une reformulation de ce qui vient d’être dit afin de vérifier si l’autre a bien compris. Ca peut être une demande de connexion pour s’assurer que le courant passe bien. Ou alors une demande d’action, c’est-à-dire quelque chose que l’autre peut faire pour nous ou avec nous. La demande se doit d’être claire, concrète et réalisable ici et maintenant.
Mais la CNV ne m’a pas appris que ça. Elle m’a fait prendre conscience que Les mots portent notre intention pour la relation. Si je suis au clair avec ce que je veux, je peux mieux choisir les mots qui nourrissent la relation. Si je clarifie et exprime ce qui se passe en moi, je peux prévenir ou adoucir les différends avant qu’ils ne dégénèrent en conflits. Nous sommes beaucoup à rêver de vivre en paix mais il n’est pas toujours évident de savoir comment s’y prendre. Oser se parler et s’écouter, en sachant comment le faire, serait déjà un grand pas de franchi.
Pour terminer, j’aimerais citer Marshall B. ROSENBERG, qui a codifié le présent processus de la CNV. « La non satisfaction de nos besoins résulte plus d’un manque de dialogue et de créativité que d’un manque de ressources ». Vrai ou faux ?